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"Des odeurs de putréfaction" : dans le Beaujolais, des habitants n'en peuvent plus de l'usine de méthanisation


| Fr3 auvergne rhône-alpes | News

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"On ne veut plus revivre un été comme celui de 2025", prévient Bruno Clément, habitant de Belleville-en-Beaujolais. Comme de nombreux riverains, ce membre du "collectif Méthane" se plaint d'odeurs pestilentielles qui se diffusent dans la commune. Tous pointent directement l'usine de bio méthane "Bio Energies Beaujolaises".

Depuis le mois d'avril, de fortes odeurs gênent les habitants de Charentay, commune proche de Belleville-en-Beaujolais. En cause selon eux, l'usine de méthanisation "Bio Energies Beaujolaises" située dans la ZAC Lybertec. Excédés, certains riverains ont constitué un collectif baptisé sur Facebook "Non aux odeurs du méthaniseur" qu'ils jugent trop proche des habitations.

Pour l'un de ses membres, Bruno Clément, "le projet est louable en soi, nous partageons les espoirs du maire, mais le traitement des déchets organiques ne devrait pas engendrer de telles nuisances". Lui, qui réside à 1,5km de l'usine, compare ces odeurs à de la "putréfaction" : "Cela n'a rien à voir avec la décomposition de déchets verts".

Des anomalies sur le site ?

"Je m'interroge sur les défauts déjà rencontrés sur le site alors que l'usine n'a que quelques mois", insiste le membre du collectif Méthane. Bruno Clément fait ici référence au rapport de la DDPP, la Direction Départementale de Protection des Populations du Rhône, établi le 21 août 2025. En effet, lors de son inspection annuelle obligatoire, l'organisme fait état de six points d'anomalie recensés sur quinze points de contrôle de l'usine, avec trois mises en demeure, notamment une pour "accidents ou pollution accidentelle".

On ne veut plus revivre un été comme celui de 2025. On ne pouvait plus ni ouvrir les fenêtres pour aérer ni manger dehors.

Bruno Clément, habitant de Belleville-en-Beaujolais

Avec les fortes chaleurs de cet été, les odeurs se sont répandues dans toute la ville. Selon la provenance du vent, on peut les ressentir davantage. "Certains habitants qui habitent plus près encore de l'usine sont davantage impactés", ajoute Bruno Clément. "On ne veut plus revivre un été comme celui de 2025, on ne pouvait ni ouvrir les fenêtres pour aérer ni manger dehors." Pour lui, si la situation ne s'améliore pas d'ici au printemps prochain, le collectif se constituera en association afin de pouvoir porter plainte.

Un objectif  « vertueux »

Pour le maire de Belleville-en-Beaujolais, Frédéric Pronchery, "dès qu'il y a une odeur on l'attribue au méthaniseur, qui certes peut sentir, mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi beaucoup d'épandage sur la zone ainsi qu'une distillerie à proximité."

S'il concède "des faiblesses olfactives" pour lesquelles il faut apporter des points d'amélioration, l'élu porteur du projet d'usine de méthaniseur n'en demeure pas moins très fier, car il l'affirme, l'objectif est "vertueux". Celui qui est également le président de la Semop Bio Energies (la société d’économie mixte à opération unique) a un objectif clair : "Nous voulons assurer l'autonomie en gaz pour le territoire et ce sera le cas dès 2035 à Belleville-en-Beaujolais et d'ici à 2050 pour l'ensemble de la communauté de communes."

Cela demande juste des réglages, mais on est prêt puisqu'il ne s'agit que de techniques. Je ne suis pas inquiet.

Frédéric Pronchéry, maire de Belleville-en-Beaujolais

Frédéric Pronchéry reste déterminé à prouver que le biométhane ne produit pas de nuisances. "Je peux comprendre le terme pollution avancé par le collectif Méthane, ça ne me choque pas, mais je le comprends avec de la mesure", avance-t-il.

Un objectif  « zéro nuisance » fixé au printemps 2026

En effet, parmi les trois gisements traités dans cette usine figure notamment une partie liquide (qui peut comprendre des graisses alimentaires). Celle-ci est bien fermée, mais pas couverte pour l'instant c'est-à-dire qu'il n'y a aucun bâtiment au-dessus, contrairement aux autres cuves. L'objectif pour le Semop Bio Energies est donc de la recouvrir et d'installer rapidement un système de traitement de l'air afin de limiter les émanations.

Dans le même temps, les équipements existants sont améliorés, avec notamment l'ajout d’acide et de produit neutralisant dans les laveurs à eau pour "renforcer le pouvoir oxydant du traitement". Ceux-ci s'accompagnent d'injection d'ozone et d'ajout de ventilation dédiée ainsi que d'une cheminée de rejet.

"Cela demande juste des réglages, mais on est prêt puisqu'il ne s'agit que de techniques donc je ne suis pas inquiet" précise l'élu. Selon lui, l'objectif "zéro nuisance à l'extérieur" sera atteint au printemps 2026. Quant à l'objectif de 350 mètres cubes de bio méthane à l'heure, il pourrait être atteint à la fin de l'année.

Prochaine étape : un comité consultatif a été proposé aux habitants à la mi-novembre afin de les rassurer quant à l'avenir de leur commune et de leur expliquer la suite des démarches. Ils pourront également consulter en toute transparence les résultats d'analyse attendus.

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