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Les deux porteurs du projet de méthanisation avorté à Fontenay-le-Vicomte accusent les élus, d’abord favorables à l’installation de l’usine, de tenir un double discours. Ces derniers rétorquent que les agriculteurs avaient dissimulé une partie du projet, «surdimensionné» à leurs yeux.

Près de quatre mois après l’annonce de la fin du projet de méthanisation à Fontenay-le-Vicomte, le dossier continue d’agiter ce petit village de l’Essonne de 1 200 habitants coincé entre Mennecy et Ballancourt. Il y a quelques jours, les deux agriculteurs, soutenus par le syndicat agricole de la région de Corbeil et la FDSEA Île-de-France, ont tenu une conférence de presse lors de laquelle ils ont tiré à boulets rouges sur les élus.

Dans leur viseur, la maire de Fontenay-le-Vicomte, le député de la circonscription, le président de la communauté de communes et deux sénateurs à qui ils reprochent « un soutien de façade ». Tous avaient pris part à une manifestation hostile à leur projet. Les agriculteurs ont pourtant jeté l’éponge car l’usine n’était pas viable économiquement, en raison notamment d’une flambée du prix des matières premières. Mais ils ont vécu cette levée de boucliers comme une trahison.

« Les élus nous ont lâchés dès qu’ils ont vu l’opposition des habitants »

Par la méthanisation, une technologie permettant la valorisation des déchets organiques, ces derniers auraient produit du biogaz, « bien moins cher que celui qu’on importe ». « On veut changer, mais on nous empêche d’évoluer en nous mettant des bâtons dans les roues », accuse Nicolas Galpin, un des deux agriculteurs à l’initiative du projet.

Son associé Thierry Vandenhende embraye : « Au départ, notre projet était soutenu par la maire de Fontenay-le-Vicomte et par le conseiller départemental et président de la communauté de communes du Val d’Essonne, Patrick Imbert (Horizons), affirme-t-il. Mais ils nous ont lâchés dès qu’ils ont vu l’opposition des habitants. »

« La réalité du dossier était loin de ce qu’ils avaient présenté », répondent les élus

Faux, rétorquent la maire Valérie Mick-Rives et Patrick Imbert. « Le projet qu’ils nous ont présenté au départ était bien en deçà de ce qu’ils comptaient réaliser, répond le conseiller départemental et président de la communauté de communes du Val d’Essonne. Ils avaient parlé d’un projet 100 % agricole alors qu’en réalité, ils étaient associés à une filiale de Veolia. Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas contre la méthanisation. Pour ce projet-là, nous nous sommes opposés à sa localisation. L’usine était à proximité d’un croisement dangereux et il y avait un problème avec un espace boisé juste à côté. Je rappelle également que le permis de construire avait été signé par la préfecture. Ce sont eux qui ont décidé de mettre fin au projet. »

Même démenti du côté de la mairie. « Leur installation pouvait traiter 120 tonnes de déchets organiques par jour. C’est bien trop important pour cet endroit, abonde la maire, Valérie Mick-Rives. La réalité du dossier était bien loin de ce qu’ils avaient présenté au départ. »

Ces chiffres, les deux principaux intéressés les contestent. « Nous devions traiter 90 à 100 tonnes maximum de déchets, d’origine agricole à 55 %, souligne Thierry Vandenhende. Le reste devait provenir de l’industrie agroalimentaire. Il s’agit de ferments lactiques, de résidus végétaux ou encore de graisses alimentaires comme le colza. Cela représente une moyenne de trois camions par jour sur une route qui en comptent déjà 11 000. »

Récemment, le département de l’Essonne a annoncé sa volonté de soutenir l’implantation de méthaniseurs sur son territoire. « On ne supporte plus l’incohérence des politiques, conclut le président du syndicat agricole de la région de Corbeil, Frédéric Arnoult. Il faut qu’ils aient le courage de leurs opinions. » Une pique directement adressée au conseiller départemental, Patrick Imbert. « Oui, le département souhaite accompagner de nouveaux projets, réagit ce dernier. Mais pas n’importe où et pas n’importe comment. »

Des plaintes déposées

Dans les semaines à venir, la guerre de la méthanisation pourrait bien se poursuivre devant les tribunaux. Ce mardi, Patrick Imbert et Valérie Mick-Rives ont porté plainte pour « diffamation envers une personne dépositaire de l’autorité publique » après la découverte de plusieurs panneaux portant leurs noms, disposés dans les champs des deux agriculteurs. « Avec Imbert, gaz russe plus cher », peut-on lire sur le premier site. « Avec Mick-Rives, Bouley, Delahaye, Hugonet, vive engrais russes et chimique », est inscrit sur le deuxième.

Le conseiller départemental, Patrick Imbert, et la maire de Fontenay-le-Vicomte, Valérie Mick-Rives, ont porté plainte pour « diffamation » après la découverte de panneaux portant leurs noms dans les champs des deux agriculteurs qui portaient un projet de méthanisation avorté.

Contacté, le sénateur Jean-Raymond Hugonet a annoncé qu’il ne porterait pas plainte. « Ces méthodes, les gens les réprouvent… Et elles caractérisent bien ceux qui les emploient. » Le député Bernard Bouley a quant à lui répondu sur les réseaux sociaux : « La stratégie de communication choisie ici par la FDSEA est agressive, caricaturale, insultante et irrespectueuse, écrit-il sous un post de la fédération montrant les fameux panneaux. Elle ne peut que créer une opposition absolument stérile entre les agriculteurs, les élus et les citoyens, là où il faudrait précisément fédérer largement. »

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