Analyse des emissions de gaz a effet de serre au cours du cycle de vie d’un methaniseur agricole
Résumé
Les agences officielles attribuent au biométhane des atouts forts face au gaz naturel.
Les allégations en faveur du biométhane portent principalement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et, donc, sur la protection du climat. Or, si la nature a pris soin de nous offrir gracieusement le coût énergétique de la synthèse du gaz naturel, le biométhane doit être « fabriqué » à l’issue d’une longue chaine d’activités nécessitant chacune des dépenses d’énergie responsables d’émissions de gaz à effet de serre. Cette étude a pour objectif d’étudier l’antagonisme entre l’argument « des émissions de CO 2 évitées » par l’implantation d’un méthaniseur sur une exploitation agricole alors que celui-ci nécessite la mise en place d’activités supplémentaires pour assurer son fonctionnement. Ainsi, des cultures dédiées doivent être instaurées pour alimenter le système et celui-ci a beaucoup de similitudes avec une installation industrielle fonctionnant dans des conditions sensibles (digesteurs de plusieurs milliers de mètres-cubes, sans oxygène, à une température de 39°C, stockant des centaines de mètres-cubes de méthane, etc.) et utilisant des techniques très élaborées (épuration membranaire pour transformer le biogaz à 60% de méthane en biométhane à 97% destiné à être injecté). Nous avons identifié 10 étapes essentielles au fonctionnement d’une unité de méthanisation agricole et calculé les émissions de gaz à effet de serre de chacune d’elles en les exprimant par unité d’énergie produite. Le bilan total des émissions que nous avons établi varie de 572 à 703 kg CO2 eq/MWh et doit être comparé à celui établi par l’ADEME et Quantis (23,4 et 44,1 kg CO2 eq/MWh) ainsi qu’à celui du gaz naturel proposé par l’ADEME (241 kg CO2eq/MWh). Nos données indiquent que les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de biométhane agricole sont environ 2 à 3 fois plus importantes que celles du gaz naturel par unité d’énergie. L’effet de la méthanisation agricole sur le climat est donc particulièrement dommageable.