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Analyse des emissions de gaz a effet de serre au cours du cycle de vie d’un methaniseur agricole


| Jean-Pierre Jouany | Documentation

Résumé

Les agences officielles attribuent au biométhane des atouts forts face au gaz naturel.

Les allégations en faveur du biométhane portent principalement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et, donc, sur la protection du climat. Or, si la nature a pris soin de nous offrir gracieusement le coût énergétique de la synthèse du gaz naturel, le biométhane doit être « fabriqué » à l’issue d’une longue chaine d’activités nécessitant chacune des dépenses d’énergie responsables d’émissions de gaz à effet de serre. Cette étude a pour objectif d’étudier l’antagonisme entre l’argument « des émissions de CO 2 évitées » par l’implantation d’un méthaniseur sur une exploitation agricole alors que celui-ci nécessite la mise en place d’activités supplémentaires pour assurer son fonctionnement. Ainsi, des cultures dédiées doivent être instaurées pour alimenter le système et celui-ci a beaucoup de similitudes avec une installation industrielle fonctionnant dans des conditions sensibles (digesteurs de plusieurs milliers de mètres-cubes, sans oxygène, à une température de 39°C, stockant des centaines de mètres-cubes de méthane, etc.) et utilisant des techniques très élaborées (épuration membranaire pour transformer le biogaz à 60% de méthane en biométhane à 97% destiné à être injecté). Nous avons identifié 10 étapes essentielles au fonctionnement d’une unité de méthanisation agricole et calculé les émissions de gaz à effet de serre de chacune d’elles en les exprimant par unité d’énergie produite. Le bilan total des émissions que nous avons établi varie de 572 à 703 kg CO2 eq/MWh et doit être comparé à celui établi par l’ADEME et Quantis (23,4 et 44,1 kg CO2 eq/MWh) ainsi qu’à celui du gaz naturel proposé par l’ADEME (241 kg CO2eq/MWh). Nos données indiquent que les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de biométhane agricole sont environ 2 à 3 fois plus importantes que celles du gaz naturel par unité d’énergie. L’effet de la méthanisation agricole sur le climat est donc particulièrement dommageable.

Le Vrai du Faux